Une découverte macabre et une cavale de trois semaines
Le 28 janvier 2022, Arnaud Bonnefoy, alors fonctionnaire de police au commissariat du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), avait signalé à son service qu’il ne se rendrait pas au travail. Selon les informations fournies par le parquet, sa hiérarchie, consciente de ses tendances suicidaires, avait alerté les policiers du 19e arrondissement de Paris pour qu’ils se rendent à son domicile. C’est là qu’ils ont fait une découverte tragique : le corps sans vie d’Amanda Glain, 28 ans, étranglée dans la salle de bain.
Après le meurtre, Arnaud Bonnefoy avait pris la fuite. Son véhicule, son arme de service, et deux chargeurs avaient été retrouvés quelques jours plus tard, les 11 et 12 février, sur le parking d’un fast-food à Amiens, après un appel à témoin. Sa cavale a duré trois semaines, jusqu’au 22 février, date à laquelle il s’est livré sans résistance aux autorités. Il avait alors contacté la gendarmerie pour signaler sa présence chez son père à Montmeyan (Var), où il a été arrêté.
Antécédents de violences et fragilité psychologique
Arnaud Bonnefoy n’en était pas à ses premières accusations de violences conjugales. En octobre 2019, il avait été placé en garde à vue pour violences envers une autre compagne. À l’issue de cette garde à vue, il avait bénéficié d’une alternative aux poursuites, à savoir un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Sur le plan administratif, il avait reçu un avertissement, la sanction disciplinaire la plus faible dans la fonction publique, non inscrite dans son dossier.
Malgré ces antécédents, Arnaud Bonnefoy conservait son autorisation de port d’arme. Après le meurtre d’Amanda Glain, le préfet de police de Paris de l’époque, Didier Lallement, avait ordonné une enquête administrative pour examiner d’éventuels manquements concernant cette autorisation.
Vers un procès pour meurtre conjugal
Le parquet de Paris, en réclamant la mise en accusation d’Arnaud Bonnefoy, souligne la gravité du crime de meurtre conjugal, un crime pour lequel l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. La circonstance aggravante de concubinage, mentionnée par le parquet, pourrait jouer un rôle crucial dans la décision finale de la cour d’assises.
Pour l’heure, la défense d’Arnaud Bonnefoy reste discrète. Contactée par l’AFP, l’un de ses avocats a refusé de commenter les accusations ou le processus judiciaire en cours.
Cette affaire, au-delà de sa dimension criminelle, pose des questions essentielles sur la gestion des risques au sein des forces de l’ordre. Le parcours d’Arnaud Bonnefoy, marqué par des antécédents de violences conjugales et une fragilité psychologique connue, interroge sur les mécanismes de contrôle et de suivi des agents en difficulté.