Le Dr Phuoc-Vinh Tran, gynécologue à la retraite, sera jugé par la cour criminelle départementale du Val-d’Oise (Île-de-France) pour des accusations de viols et d’agressions sexuelles portées par plus de cent patientes. Ces faits se sont produits au cours de sa longue carrière, alors qu’il exerçait à Domont, une petite ville située à une quarantaine de kilomètres au nord de Paris. L’affaire, qui remonte à 2013, a mis douze ans à être instruite.
Une première plainte en 2013
L’affaire a débuté en juin 2013, lorsqu’une première plainte a été déposée contre le gynécologue. Ce dernier, aujourd’hui âgé de 74 ans, a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Après la plainte initiale, les enquêteurs ont élargi leurs recherches à l’ensemble de la patientèle du médecin. Au fil des années, ce sont 133 femmes qui ont porté plainte, dénonçant des actes similaires et circonstanciés lors de leurs consultations. Ces témoignages ont permis de mettre en lumière un système d’abus présumé systématiques sur une décennie, donnant lieu à une requalification de certains viols en agressions sexuelles, notamment en raison du dépassement des délais de prescription.
Les faits dénoncés par les plaignantes, âgées de 18 à 52 ans au moment des actes, couvrent une période allant de la fin des années 1990 jusqu’à 2013. Les victimes, qui ne se connaissaient pas avant leur consultation chez le Dr Tran, ont toutes décrit des gestes et comportements inappropriés au cours des examens gynécologiques. Parmi les accusations les plus fréquentes, les patientes évoquent des caresses au niveau des cuisses, du bas-ventre, voire du clitoris, ainsi que des demandes de contracter le vagin autour des doigts du médecin. En outre, des questions inappropriées sur leur vie sexuelle et leurs « plaisirs sexuels » leur ont été posées pendant les consultations.
Ces gestes se sont déroulés alors que les patientes étaient allongées sur la table d’auscultation, et ont duré bien au-delà du temps normalement consacré à un examen médical. Si plusieurs victimes ont indiqué qu’elles ne se sont pas opposées à ces comportements sur le moment, elles expliquent avoir compris que ces actes n’avaient aucune justification médicale.
Le médecin se dit victime d’un complot
Face à ces accusations, le Dr Phuoc-Vinh Tran a maintenu tout au long de l’instruction qu’il était victime d’un complot, arguant que les témoignages des femmes étaient trop similaires pour être crédibles. Selon lui, ces plaintes seraient le résultat de la médiatisation de l’affaire. Une théorie qui a été rejetée par la magistrate en charge du dossier, qui a souligné la cohérence et la constance des témoignages des plaignantes.
Aujourd’hui, l’ancien médecin fait face à un total de 92 accusations de viols et 25 d’agressions sexuelles sur 112 patientes. Certaines plaintes ont été requalifiées en raison du dépassement des délais de prescription, mais les victimes et les parties civiles espèrent tout de même obtenir justice.