Une intervention policière au cœur du drame
La nuit du 21 au 22 juin 2019, lors de la Fête de la musique à Nantes, plusieurs système de sonorisation animaient la soirée sur le quai Wilson. Alors que la fête devait s’achever à 4h du matin, certains DJ continuaient de diffuser de la musique. C’est à ce moment-là que la police, sous les ordres du commissaire Chassaing, intervient pour faire cesser les festivités.
Les forces de l’ordre, confrontées à des jets de projectiles de la part de certains fêtards, répliquent par des tirs de grenades lacrymogènes. Ce sont ces tirs qui, selon l’accusation, auraient provoqué un mouvement de panique, menant plusieurs personnes à tomber dans la Loire. Parmi elles, Steve Maia Caniço, un jeune animateur périscolaire de 24 ans, qui ne savait pas nager et souffrait de phobie de l’eau. Son corps sera retrouvé un mois plus tard, après d’intenses recherches.
Le procès : des responsabilités contestées
Lors du procès, tenu en juin 2024 à Rennes, deux versions se sont affrontées. L’accusation, portée par le procureur Philippe Astruc, estimait que c’est la décision de Chassaing de mener cette intervention qui avait conduit à la mort du jeune homme. « C’est lui qui a conduit une action collective, laquelle a créé la situation qui a abouti in fine au décès de Steve« , avait-il déclaré, tout en demandant une « peine de principe« , sans préciser de quantum.
La défense, de son côté, a rejeté toute responsabilité du commissaire. Me Louis Cailliez, avocat de Chassaing, a plaidé que son client n’avait pas initié les tirs de grenades lacrymogènes, soulignant que les policiers avaient agi de leur propre chef, en légitime défense. Le commissaire a lui-même reconnu qu’il n’avait « pas tout maîtrisé » durant cette soirée tendue, marquée par un contexte général de tensions sociales, notamment lié au mouvement des Gilets jaunes.
Des circonstances atténuantes reconnues
Le tribunal a finalement estimé que Grégoire Chassaing ne pouvait être tenu directement responsable de la mort de Steve Maia Caniço. Des circonstances atténuantes lui ont été accordées, notamment le fait que les tirs de grenades avaient été lancés en réponse à des jets de projectiles. En dépit des critiques formulées par les avocats de la famille de Steve, qui ont dénoncé une « succession de manquements d’anticipation » de la part des forces de l’ordre, le tribunal a prononcé la relaxe du commissaire.
Cette décision laisse un goût amer aux proches de Steve Maia Caniço et aux parties civiles, qui espéraient voir un jugement plus sévère à l’égard du commissaire. Toutefois, l’affaire ne semble pas avoir clos le débat sur la gestion des manifestations par les forces de l’ordre et l’usage de la force dans des contextes festifs.
Une tragédie aux lourdes conséquences
La mort de Steve Maia Caniço reste un symbole des tensions récurrentes entre les forces de l’ordre et une partie de la population, particulièrement lors d’événements festifs ou sociaux. Ce drame a profondément marqué la ville de Nantes et au-delà, ravivant des questionnements sur la gestion policière de telles situations.
Pour Grégoire Chassaing, la relaxe prononcée lui permet de poursuivre sa carrière sans sanction, bien qu’il ait lui-même reconnu que cette soirée avait échappé à son contrôle. Quant à la famille de Steve Maia Caniço, elle continue de porter la mémoire du jeune homme, dont la mort reste, pour beaucoup, une tragédie évitable.