Ce mardi 1er octobre, Michel Barnier a présenté son premier discours de politique générale en tant que Premier ministre devant l’Assemblée nationale. Ce moment crucial de la vie politique française a permis au chef du gouvernement de fixer les grandes lignes de son action, dans un contexte marqué par des tensions politiques croissantes.
Un cap budgétaire strict face à la dette
Dans un discours empreint de gravité, Michel Barnier a immédiatement placé la question du déficit public au cœur de son programme. Soulignant l’urgence de réduire la dette colossale de la France, il a affirmé son objectif de ramener le déficit à 5 % du PIB d’ici 2025, avec l’ambition d’atteindre 3 % en 2029. Pour y parvenir, le Premier ministre a annoncé une réduction drastique des dépenses publiques, rappelant qu’il faut « renoncer à l’illusion du tout gratuit ». Néanmoins, il a insisté sur la nécessité de demander une « contribution exceptionnelle » aux grandes entreprises et aux Français les plus fortunés, prônant ainsi une forme de justice fiscale.
Un dialogue à relancer sur la réforme des retraites
La réforme des retraites, toujours controversée, demeure un enjeu central. Sans revenir sur le principe de la réforme adoptée en 2023, Barnier s’est dit ouvert à des « aménagements raisonnables » pour corriger certaines « limites ». Il a notamment évoqué des ajustements autour des retraites progressives, de la pénibilité au travail et de l’égalité femmes-hommes, des thématiques jugées essentielles par une partie des partenaires sociaux.
La question migratoire
Sur la question migratoire, Michel Barnier a adopté une ligne de fermeté. Il a déploré que les politiques d’immigration et d’intégration ne soient plus maîtrisées « de manière satisfaisante », tout en prônant un « traitement plus efficace » des demandes d’asile. Il a aussi proposé de conditionner davantage l’octroi de visas à certains pays, et de prolonger la rétention des étrangers en situation irrégulière, particulièrement dans un contexte marqué par le meurtre récent d’une étudiante à Paris.
Maintien des libertés individuelles et égalité des droits
Sur les questions de société, le Premier ministre a tracé des « lignes rouges ». Michel Barnier a réaffirmé son attachement à la défense des libertés acquises, notamment sur des sujets sensibles tels que l’IVG, le mariage pour tous et la PMA. Il a clairement rejeté toute remise en cause de ces droits fondamentaux, en opposition aux positions conservatrices de certains de ses ministres. Par ailleurs, il a annoncé la reprise des discussions sur la loi concernant la fin de vie, dont l’examen avait été suspendu à la suite de la dissolution de l’Assemblée.
Smic revalorisé et réformes sociales
Concernant le pouvoir d’achat, Barnier a annoncé une revalorisation anticipée du SMIC de 2 % dès le 1er novembre 2024, portant ainsi le salaire minimum à environ 1 426 euros nets par mois. Il a également critiqué certaines branches professionnelles où les salaires sont inférieurs au SMIC, exigeant des négociations rapides pour corriger cette situation. Le Premier ministre a aussi réaffirmé son soutien à une réforme de l’assurance chômage, en renvoyant les discussions aux partenaires sociaux, tout en soulignant l’importance de trouver des solutions pour l’emploi des seniors.
Nouvelle-Calédonie : vers une pacification politique
Le Premier ministre a également abordé le dossier sensible de la Nouvelle-Calédonie. Il a confirmé que le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, à l’origine de violentes émeutes en mai dernier, ne serait pas soumis au Congrès. Il a annoncé le report des élections provinciales jusqu’à fin 2025, en espérant ouvrir une nouvelle phase de dialogue et de reconstruction économique pour l’archipel.
Un scrutin proportionnel aux élections législatives : une piste à explorer
Face à une classe politique divisée et une majorité relative fragile, Michel Barnier a ouvert la porte à une « réflexion » sur l’introduction du scrutin proportionnel aux élections législatives. Cette réforme, réclamée par plusieurs partis, de la gauche au Rassemblement national, pourrait contribuer à une meilleure représentativité au Parlement, bien que les détails de cette réforme restent encore à définir.
La santé mentale, priorité de 2025
Le Premier ministre a enfin annoncé que la santé mentale serait érigée en « grande cause nationale » pour l’année 2025, soulignant que les maladies psychiques représentent le premier poste de dépenses de l’assurance maladie. La prévention et l’accompagnement des malades et des aidants seront renforcés, promettant ainsi des avancées majeures dans ce domaine crucial, particulièrement pour les jeunes.
Un discours entre continuité et adaptation
Michel Barnier a fait preuve de pragmatisme tout au long de son discours, cherchant à rassurer sur sa volonté de maintenir les grands équilibres économiques tout en proposant des réformes sociétales sensibles. Dans un climat politique tendu, marqué par les contestations de la gauche et la vigilance de l’extrême droite, ce discours de politique générale a tracé un cap ambitieux, avec pour objectif de rétablir la confiance dans les institutions et de renforcer la cohésion nationale.