Le parquet a requis à son encontre 18 mois de prison, dont six ferme sous bracelet électronique, pour sa gestion jugée opaque de la société BA&CO, un cabinet de courtage en assurances placé en liquidation judiciaire en 2015 avec un passif de 2,5 millions d’euros.
L’affaire concerne plus précisément la période 2014-2015, durant laquelle BA&CO, fondée en 2013 par une amie d’enfance de Magali Berdah et reprise par sa mère en 2014, a vu ses comptes sombrer dans l’opacité. Magali Berdah, qui s’est présentée à l’audience comme une simple salariée en charge du développement commercial, est pourtant accusée d’avoir été la véritable gérante de fait. « Elle apparaît comme le personnage central de cette société. Elle s’en défend mais tous les faisceaux d’indices convergent », a martelé la procureure, Sylvie Maillard.
Le parquet ne s’est pas contenté de demander une peine de prison contre Magali Berdah. Une interdiction définitive de gérer toute société a également été requise à son encontre, renforçant le poids des accusations. Son amie d’enfance, fondatrice de BA&CO, a pour sa part refusé de répondre aux questions du tribunal, tandis que la mère de l’accusée, absente à l’audience pour raisons de santé, n’a fourni que des réponses vagues lors de l’enquête. Le parquet a réclamé de la prison avec sursis contre ces dernières.
Une gestion comptable floue et des dépenses suspectes
L’enquête a révélé des pratiques comptables pour le moins troubles. Entre 2014 et 2015, plus de 80 000 euros ont été prélevés en espèces, sans aucune justification, et 600 000 euros ont transité sur un compte ouvert au nom d’une secrétaire. Ce compte, destiné à payer les salaires lorsque les avoirs de l’entreprise risquaient d’être gelés par les créanciers, a également servi à financer des dépenses personnelles de luxe, totalisant 27 000 euros. Hôtels à Monaco, vêtements et chocolats figurent parmi ces dépenses non expliquées.
Face à ces accusations, Magali Berdah n’a pas nié l’existence de liens financiers ambigus entre son patrimoine personnel et les comptes de la société. Elle a reconnu avoir perçu des sommes pour son travail et avoir également injecté des fonds sur ce compte en 2015, à partir d’argent emprunté. Une situation déjà délicate, aggravée par sa condamnation en 2019 pour abus de faiblesse. Cette dernière condamnation concernait un prêt contracté auprès d’un homme atteint de la maladie d’Alzheimer, qu’elle assure avoir remboursé intégralement, intérêts compris.
« Un dossier qui sent le grenier », plaide La Défense
Loin de se laisser abattre, la défense de Mme Berdah a fermement contesté les charges qui pèsent sur elle. Ses avocats ont dénoncé une enquête tardive et jugée non probante. « Ce dossier sent le grenier », a ironisé son avocat, Me Franck De Vita, tout en rappelant que sans la célébrité de sa cliente, il n’y aurait ni poursuites ni procès. Il a également souligné que toutes les sociétés liquidées par Magali Berdah au cours de sa carrière l’ont été « proprement« , bien que la procureure ait rappelé l’existence d’un passif cumulé de 350 000 euros.
L’avocate de la partie civile a quant à elle pointé du doigt les responsabilités de l’influenceuse, se demandant si l’absence de gestion rigoureuse dans ses entreprises n’était pas un « mode de fonctionnement« .
Des démêlés judiciaires qui s’accumulent pour Magali Berdah
Ce procès s’inscrit dans une période tumultueuse pour Magali Berdah, dont la réussite dans l’univers des réseaux sociaux a été ébranlée en 2022 par une violente querelle avec le rappeur Booba. Ce dernier l’a publiquement accusée de pratiques commerciales trompeuses via son agence Shauna Events, spécialisée dans la mise en relation entre marques et influenceurs. Bien que l’enquête ait été classée sans suite, Booba a lui-même été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé, tandis que 28 internautes ont été condamnés en mars dernier pour avoir participé à cette campagne de dénigrement.
Alors que la descente aux enfers de l’ancienne « papesse des influenceurs » continue, le jugement a été mis en délibéré au 25 novembre.