Le ministre de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, a révélé dimanche 20 octobre sur le réseau X (anciennement Twitter) que l’État français s’apprête à entrer au capital d’Opella, la filiale de Sanofi qui commercialise une centaine de marques de produits pharmaceutiques sans ordonnance dans le monde, dont le Doliprane. Cette annonce intervient alors que le groupe pharmaceutique finalise des négociations pour céder 50 % de cette entité au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R).
Garanties obtenues par le gouvernement
Antoine Armand a précisé que l’État a obtenu des assurances quant au maintien et au développement d’Opella sur le sol français. « Nous avons obtenu les garanties du maintien et du développement d’Opella en France », a déclaré le ministre, mettant en avant l’importance stratégique de cette filiale pour la production nationale de médicaments courants comme le Doliprane. Il a également insisté sur le respect des exigences du gouvernement en matière d’emploi, de production locale et d’investissements futurs, affirmant que « les exigences du gouvernement sur l’emploi, la production et l’investissement seront respectées ».
Pour s’assurer que ces engagements seront tenus, l’État prévoit de participer directement à la gouvernance d’Opella. Cette prise de participation se fera via Bpifrance, la banque publique d’investissement, qui deviendra actionnaire de la filiale. « L’État, via Bpifrance, sera actionnaire pour y veiller », a assuré Antoine Armand.
Nous avons obtenu les garanties du maintien et du développement d’Opella en France.
Nos exigences sur l’emploi, la production et l’investissement seront respectées. Pour le Doliprane et les autres médicaments essentiels au pays.
L’Etat, via @Bpifrance, sera actionnaire pour y…
— Antoine Armand (@antoine_armand) October 20, 2024
Rôle stratégique de Bpifrance
De son côté, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, s’est dit favorable à cette prise de participation. Lors d’une interview accordée au journal La Tribune, il a souligné que Bpifrance est prêt à accompagner le « vainqueur de l’enchère » en devenant coactionnaire aux côtés de CD&R. Il a rappelé la légitimité de la banque publique à s’impliquer dans ce type d’opérations, en particulier dans le secteur de la santé, un domaine où Bpifrance joue un rôle actif depuis plusieurs années.
En effet, la banque publique a déjà réalisé plusieurs investissements stratégiques dans ce domaine, notamment dans Seqens, une entreprise chimique française qui construit actuellement une usine de production de paracétamol, l’ingrédient actif du Doliprane, dans le département de l’Isère. « Nous avons des ambitions claires dans le secteur de la santé, avec 10 milliards d’euros d’investissements à déployer dans les années à venir », a ajouté Nicolas Dufourcq, soulignant ainsi l’importance de l’industrie pharmaceutique pour l’économie française et la souveraineté sanitaire du pays.
Un enjeu industriel et économique
Cette décision du gouvernement s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer l’indépendance de la France dans la production de médicaments essentiels. La crise du COVID-19 a en effet mis en lumière les failles de la chaîne d’approvisionnement mondiale, notamment en matière de production de substances actives pour les médicaments courants comme le paracétamol. Le projet d’usine en Isère, soutenu par Bpifrance, vise justement à réduire cette dépendance aux importations.
Avec l’entrée de l’État au capital d’Opella, le gouvernement entend s’assurer que cette production vitale reste en France tout en accompagnant Sanofi dans ses projets de réorganisation. L’arrivée du fonds américain CD&R au sein du capital d’Opella a suscité des interrogations quant à l’avenir de cette filiale, mais la participation active de l’État et de Bpifrance pourrait apaiser les inquiétudes et assurer la pérennité de la production du Doliprane en France.
Ainsi, cette opération devrait permettre de maintenir la France comme un acteur clé dans le secteur pharmaceutique tout en garantissant les emplois et l’investissement industriel dans les années à venir.
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