La Poste face à un avenir incertain : la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme

La situation financière du groupe se fragilise, et des mesures drastiques sont préconisées pour assurer sa pérennité.

Bureau de La Poste (illustration) / © DR
Bureau de La Poste (illustration) / © DR

La Cour des comptes exprime de vives inquiétudes quant à l’avenir de La Poste. Face à l’effondrement du courrier, l’entreprise a multiplié les initiatives de diversification, mais ces dernières ne compensent pas suffisamment la perte de son activité historique.

Un déclin inexorable du courrier

Autrefois pilier de son activité, le courrier ne représente plus que 15 % du chiffre d’affaires de La Poste en 2023, contre 50 % en 2010. Le nombre de plis distribués annuellement est passé de 18 milliards à seulement 6 milliards. Cette chute drastique a contraint l’entreprise à explorer d’autres domaines pour survivre.

Pour pallier cette baisse, La Poste s’est lancée dans de nombreux secteurs : livraison de colis, banque, assurance, téléphonie, et services à la personne. Si l’essor du commerce en ligne a boosté son activité colis et que La Banque Postale a su tirer profit du rachat de CNP Assurances, d’autres initiatives n’ont pas porté leurs fruits.

Ainsi, les services d’aide à domicile et de livraison de repas restent déficitaires. La Poste Mobile va être rachetée par Bouygues Telecom, et la banque en ligne Ma French Bank a fermé après seulement quatre ans d’existence.

Une situation financière en dégradation

Malgré une augmentation de 50 % de son chiffre d’affaires en dix ans (passant de 22 à 34 milliards d’euros entre 2013 et 2023), La Poste voit ses bénéfices fondre. Prévus à 2,4 milliards d’euros en 2022, ils ont finalement été divisés par deux. En 2023, ils n’étaient plus que de 500 millions d’euros, et les résultats 2024 seront scrutés avec attention.

Face à ces critiques, le PDG Philippe Wahl souligne que La Poste a réussi à se transformer en dix ans et reste profitable malgré un contexte difficile. Il met en avant le modèle multi-activités du groupe et pointe du doigt un problème de sous-compensation de l’État, qui menace la viabilité des missions de service public.

Des mesures chocs proposées

Pour redresser la situation, la Cour des comptes préconise deux mesures principales : réduire la fréquence de distribution du courrier, car la France figure parmi les derniers pays européens à assurer une livraison six jours sur sept, et diminuer le nombre de bureaux de poste, actuellement 17 000, en les intégrant dans des maisons France Services, qui regroupent divers services publics.