Ce dimanche 18 août, la marque de prêt-à-porter « Don’t call me Jennyfer » a publié une image énigmatique sur les réseaux sociaux, montrant un fond noir accompagné du logo de la marque, suivi des dates « 2019-2024 ». Un message alarmant qui laissait présager une fermeture définitive. Le lendemain, une nouvelle vidéo diffusée sur les réseaux montrait un technicien démontant le logo de l’enseigne sur l’une de ses boutiques, renforçant l’inquiétude des fidèles clientes.
Fact-checking
D’après les informations de Le Factuel, contrairement aux rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, il ne s’agit pas de la fin définitive des magasins et du site marchant de « Don’t call me Jennyfer », mais plutôt d’une transformation stratégique. En réalité, la marque s’apprête à reprendre son ancienne identité « Jennyfer », accompagnée d’une nouvelle identité visuelle sous le signe « NN ». Cette décision marque un tournant décisif dans la survie de cette enseigne, qui a connu des années tumultueuses, fragilisée par la conjoncture économique et l’évolution du marché du textile en France.
Fondée en 1985 à Saint-Denis par Gérard Depagniat et David Tordjman, la marque Jennyfer s’était forgée une solide réputation parmi les adolescentes françaises. En 2019, pour contrer une baisse de popularité et se repositionner sur le marché, elle avait choisi de se rebaptiser « Don’t call me Jennyfer », avec une stratégie marketing plus audacieuse. Mais les difficultés économiques n’ont cessé de s’accumuler. En 2021, un plan social entraînait la fermeture de 20 magasins et la suppression de 66 emplois. La situation s’est encore détériorée en juin 2023, lorsque l’enseigne, reprise en 2018 par Sébastien Bismuth, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny.
Malgré ces obstacles, la marque a réussi à maintenir un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros en 2023 comme le rapport Capital, bien que celui-ci ait chuté par rapport aux 300 millions d’euros enregistrés avant la pandémie. Avec 1 100 employés répartis dans 300 magasins, dont 220 en France, « Don’t call me Jennyfer » représentait encore un acteur majeur du prêt-à-porter en France. Face à cette situation critique, le tribunal de commerce de Bobigny a approuvé un plan de continuation, permettant à l’enseigne de poursuivre son activité, grâce notamment à l’investissement de 15 millions d’euros destiné à redresser la situation.
Ce plan de sauvetage a été possible grâce à l’intervention du nouvel actionnaire, Shanghai Pure Fashion Garments Co Ltd., une des filiales du groupe franco-chinois Sinoproud, qui a racheté la marque pour un euro symbolique. Sous cette nouvelle direction, Jennyfer entame une nouvelle ère, marquée par un repositionnement stratégique. L’enseigne élargit désormais sa cible de clientèle, visant non plus uniquement les jeunes adolescentes, mais aussi les jeunes femmes de 10 à 24 ans, y compris les jeunes mamans.
« Nous sommes très heureux d’annoncer que Jennyfer est officiellement sortie de cette phase difficile. Cette décision montre la solidité de notre projet et notre capacité à amener à nouveau l’entreprise à sa position de leader », a déclaré Yann Pasco, directeur général, dans un communiqué de presse du 13 juin 2024. Ce message optimiste vient clore un chapitre difficile pour la marque, tout en ouvrant la voie à une possible renaissance.
Jennyfer, autrefois une icône de la mode pour adolescentes, pourrait bien devenir un concurrent sérieux pour d’autres enseignes françaises telles que Camaïeu. En diversifiant sa clientèle et en réinventant son image, l’enseigne espère renouer avec le succès. L’avenir dira si ce repositionnement stratégique permettra à Jennyfer de retrouver son éclat d’antan et de prospérer dans un marché du textile de plus en plus compétitif.
© Image : J BOUTIQUE JENNYFER détient l’ensemble des droits relatifs au logo « Jennyfer™ ».