François Bayrou annonce l’utilisation du 49.3 pour faire adopter les budgets 2025

François Bayrou, premier ministre Français / Dr

L’annonce a été faite ce dimanche 2 février dans un entretien publié par La Tribune dimanche. Si cette décision permet de passer rapidement à l’adoption des textes, elle pourrait aussi raviver les tensions politiques, notamment avec l’opposition, qui prépare déjà une motion de censure.

Une décision prise pour « passer à l’adoption »

Le gouvernement se trouve à un tournant. Après de longues semaines de négociations avec les différents partis, François Bayrou estime que l’utilisation du 49.3 est nécessaire pour « abréger les débats » et valider les budgets 2025. Il explique que, malgré quelques concessions faites au Parti socialiste (PS) et les retouches à la copie du budget, le texte final permettra de maintenir le déficit à 5,4 % du PIB, comme prévu initialement. Pour le Premier ministre, il est crucial que la France ne se retrouve pas « sans budget », ce qui justifie le recours à cet outil constitutionnel qui permet d’imposer une adoption rapide.

Cette décision intervient après un compromis élaboré lors de la commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs, avec des ajustements nécessaires pour éviter une censure. La ministre du Budget, Amélie de Montchalin, a confirmé que le texte adopté par la CMP serait celui présenté au Parlement. Mais, comme l’indique François Bayrou, « rien n’est exclu », soulignant que la censure pourrait à nouveau mettre en péril l’équilibre politique du gouvernement.

Risque de censure et soutien du PS

L’utilisation du 49.3 ne va pas sans risques. L’opposition, notamment La France insoumise(LFI), a d’ores et déjà annoncé qu’elle déposerait une motion de censure, soutenue par les communistes et probablement par les écologistes. Les députés du Rassemblement National (RN)et du Parti Socialiste (PS), eux, n’ont pas encore dévoilé leur position. Les regards se tournent particulièrement vers le PS, avec qui le gouvernement mène des négociations depuis plusieurs mois. Selon François Bayrou, une motion de censure serait « rejetée avec colère par les Français », qui ne veulent pas de nouvelles crises politiques.

Dans un soutien notable à la décision du gouvernement, l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin a estimé sur France 5 que voter la censure aujourd’hui serait « irresponsable ». Selon lui, même les forces de gauche devraient comprendre que le pays a besoin de stabilité, d’autant plus que l’adoption rapide du budget est perçue comme essentielle pour la gouvernance du pays.

Des attentes de la droite et l’épreuve des réformes à venir

Le gouvernement, bien qu’appuyé par une droite représentée au sein même de l’exécutif, ne bénéficie pas d’une adhésion totale. Laurent Wauquiez, leader des députés Les Républicains (LR), a rappelé qu’aucun soutien n’était acquis par avance et que chaque texte serait examiné de manière indépendante. Il a réaffirmé son opposition aux hausses d’impôts et a demandé des actions concrètes, en particulier sur la sécurité et l’immigration.

Le Premier ministre semble déjà préparer le terrain pour les prochaines étapes législatives. Selon lui, après l’adoption du budget, de nombreux autres défis attendent le gouvernement, qu’il qualifie de « huit sommets » à franchir, à savoir l’éducation nationale, la sécurité, la justice, la politique migratoire, le changement climatique, la santé, ainsi que les réformes des retraites et de l’outre-mer.