Invité du « Grand Jury » organisé par RTL, M6, Le Figaro et Public Sénat, le ministre de l’Économie Éric Lombard a estimé dimanche 9 février qu’il n’était pas nécessaire de durcir les règles du droit du sol en France. « Il me semble que le dispositif législatif actuel est tout à fait satisfaisant », a-t-il déclaré, ajoutant que cette question « ne constitue pas un problème » en termes de politique publique.
Ancien proche de Michel Rocard et issu des rangs de la gauche, Éric Lombard s’oppose ainsi à certains de ses collègues au sein du gouvernement. Il a notamment rappelé son attachement à une approche pragmatique, prônant une concentration des efforts sur des problèmes jugés prioritaires.
Pas de démission en vue
Interrogé sur une éventuelle démission si des mesures visant à durcir le droit du sol venaient à être adoptées, le ministre a écarté cette hypothèse. « Il n’y a pas de conflit, seulement des expressions politiques diverses. Si une décision était prise, cela serait le fruit d’un dialogue, et je soutiendrais cette position commune », a-t-il expliqué.
Éric Lombard a également tenu à souligner qu’il se reconnaît pleinement dans la ligne portée par le Premier ministre, François Bayrou, garant selon lui d’une politique équilibrée.
Des positions divergentes au sein du gouvernement
Le débat autour du droit du sol s’intensifie depuis plusieurs jours au sein du gouvernement, dont la stabilité a été mise à rude épreuve lors de l’adoption du budget 2025. Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, issus de la droite, plaident pour un durcissement des conditions d’accès à la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers.
Le Premier ministre François Bayrou s’est montré ouvert à un débat plus large sur « ce que c’est qu’être français », sans pour autant soutenir formellement une réforme du droit du sol.
Des critiques et des soutiens différenciés
La ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, a fermement désavoué l’idée d’une modification constitutionnelle pour réformer l’accès à la nationalité. « Ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes, pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle », a-t-elle déclaré.
L’ancien président socialiste François Hollande a également pris position, estimant qu’un tel débat était « inutile » et appelant à maintenir les « règles républicaines existantes ». En revanche, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s’est montré plus ouvert, jugeant que la question de l’identité nationale n’était « pas taboue ».
Un débat loin d’être tranché
Alors que les différences de vue persistent, la position de M. Lombard illustre les fractures au sein du gouvernement sur cette question sensible. La discussion autour du droit du sol semble appelée à occuper une place centrale dans les prochains mois, dans un contexte politique déjà tendu.