L’audience qui s’est tenue à huis clos aujourd’hui à la cour d’appel d’Amiens (Somme) concernait un volet différent de l’affaire principale : une violente agression survenue six mois avant l’assassinat de Shaïna Hansye en 2019. La jeune fille, alors âgée de 13 ans, avait eu le courage de porter plainte pour des faits de viol en réunion. L’un des mis en cause, contre qui elle avait témoigné, l’a ensuite retrouvée et a orchestré son passage à tabac avec une dizaine d’autres camarades, en violation directe de son contrôle judiciaire. Il lui était pourtant formellement interdit d’entrer en contact avec elle.
« C’est un raté judiciaire. On ne devrait pas se réunir à nouveau pour cette affaire. Ça remet en question l’autorité judiciaire. », confie Me Negar Haeri avant l’audience qui estime que « la justice a failli ».
Une audience déterminante
« Il faut qu’ils parlent », confie un membre de la famille, rappelant que, lors du premier procès qui s’est tenu au tribunal pour enfants de Senlis (Oise), les accusés étaient restés silencieux, se contentant de réponses laconiques.
Avec cette audience, c’est peut-être la fin du combat judiciaire pour la famille. Depuis l’assassinat de Shaïna en 2019, ses proches ont été présents à chaque étape, assistant à toutes les audiences malgré l’épuisement moral et physique. « On est fatigués », souffle Parveen Hansye.
Un autre point de frustration pour la famille Hansye lors de cette audience : l’absence de soutien de la part de la ville de Creil (Oise), où résidait Shaïna. C’est également dans cette ville que son agression et son meurtre ont eu lieu. « Il faut savoir que dans notre combat, nous avons été entourés des Français qui nous ont soutenus. Mais il n’y a jamais eu personne de la ville de Creil. À chaque fois, on nous promet d’être là, et puis rien. La maire, Sophie Dhoury-Lehner, devait venir, mais elle a prétexté une obligation professionnelle. », regrette Parveen Hansye, la mère de Shaïna auprès de « Le Factuel ».
De son côté, Yasin Hansye déplore également le manque de soutien de la ville, pour laquelle il travaille en tant qu’agent.
Un réquisitoire alourdi
La famille espérait que cette ultime audience permette enfin de faire toute la lumière sur les circonstances de l’agression, mais les espoirs se sont amenuisés lorsque l’un des deux prévenus a présenté un certificat médical, un quart d’heure avant l’audience. La famille quitte la salle en colère et leur mère en larmes.
À l’issue de cette audience en appel, le procureur a requis une peine de 24 mois de prison avec sursis pour le principal mis en cause, dont 12 mois fermes, augmentant ainsi la peine qui était initialement de 20 mois de prison, dont 6 avec sursis. Concernant le second prévenu, une peine inchangée de 12 mois de prison avec sursis a été demandée . La décision finale sera rendue le 24 avril 2025.
Pour les proches de Shaïna, la lutte ne s’arrête pas aux tribunaux. Après ces années de procédure, un nouvel enjeu se dessine : la réhabilitation de la parole de la jeune fille. « La parole de Shaïna a toujours été mise en doute, on a cherché à la salir et à la faire passer pour une fille facile », déplore l’avocate de la famille auprès de « Le Factuel ».