Ce vendredi 27 septembre 2024, Phoebe Plummer, 23 ans, et Anna Holland, 22 ans, membres du mouvement écologiste « Just Stop Oil », ont été condamnées à des peines de prison ferme par la Southwark Crown Court de Londres. Les deux militantes avaient jeté de la soupe sur le célèbre tableau Les Tournesols de Vincent Van Gogh à la National Gallery, en octobre 2022, dans une action visant à dénoncer l’inaction climatique. Elles ont été jugées coupables de dégradations volontaires, malgré leur plaidoyer de non-culpabilité.
La décision du juge
Phoebe Plummer a écopé de deux ans de prison ferme, tandis qu’Anna Holland a été condamnée à 20 mois de réclusion. Le juge Christopher Hehir, présidant le procès, a estimé que leur action avait failli « endommager irrémédiablement, voire détruire » une œuvre d’une valeur « probablement inestimable ». Bien que protégée par une vitre, la toile n’a pas été touchée, mais les dégâts causés au cadre du tableau ont été évalués à 10 000 livres sterling (environ 13 400 dollars).
Un acte militant controversé
Le geste des militantes s’inscrivait dans une série d’actions spectaculaires menées par « Just Stop Oil », un mouvement qui prône l’arrêt immédiat de l’extraction de pétrole et de gaz en réponse à la crise climatique. Selon Phoebe Plummer, cette action visait à « perturber pacifiquement un système injuste, malhonnête et meurtrier ». Lors de son procès, elle a défendu son engagement en affirmant avoir voulu attirer l’attention sur l’urgence climatique mondiale.
Cependant, le juge a rejeté cette justification, qualifiant ses propos de « ridicules, complaisants et offensants ». Il a insisté sur le fait qu’endommager un tableau de cette envergure n’était en aucun cas une réponse acceptable à l’urgence climatique, même si l’œuvre en elle-même n’a pas été touchée. Selon lui, le risque de destruction partielle ou totale de l’œuvre reste une menace inadmissible pour le patrimoine culturel.
Des réactions partagées
L’affaire a suscité des réactions contrastées. D’un côté, les partisans de la cause écologique saluent le courage des militantes et la visibilité qu’elles apportent à la question climatique. Ils critiquent également la sévérité de la peine, qualifiée de « disproportionnée » au regard de la cause défendue. D’autres estiment que ces peines sont un signal fort contre les dégradations des œuvres d’art, même dans le cadre de manifestations pacifiques.
Le juge Hehir, quant à lui, a souligné que ces peines étaient nécessaires pour dissuader de futures actions similaires. « Il est impératif que la société comprenne qu’aucune cause, si juste soit-elle, ne peut justifier la mise en péril de notre patrimoine culturel », a-t-il déclaré lors du verdict.
Un engagement climatique sous surveillance
Cette condamnation reflète la tension croissante entre l’urgence climatique et les moyens utilisés par certains militants pour attirer l’attention sur cette crise. Si l’inaction climatique reste une question majeure, les actes de vandalisme contre des symboles culturels continuent de diviser l’opinion publique. Pour les autorités britanniques, il est essentiel de protéger les œuvres d’art, tandis que pour les militants, la crise climatique nécessite des actions plus radicales et des sacrifices pour éveiller les consciences.
Phoebe Plummer et Anna Holland, désormais incarcérées, deviennent les figures emblématiques d’un débat de plus en plus polarisé sur la désobéissance civile et ses limites dans la lutte contre le réchauffement climatique.