Bétharram : la Ciivise appelle à une révision des dispositifs d’alerte dans les établissements pour enfants

Chapelle Notre-Dame de Bétharram (Illustration) / © DR
Chapelle Notre-Dame de Bétharram (Illustration) / © DR

Parallèlement, le Premier ministre François Bayrou se défend face aux accusations d’inaction lors de son mandat au ministère de l’Éducation.

Une demande d’inspection nationale

Mercredi, la Ciivise a sollicité une « mission d’inspection » pour évaluer l’efficacité des dispositifs d’alerte dans toutes les structures accueillant des enfants, qu’elles soient éducatives, sportives, culturelles ou religieuses. Cette initiative fait suite aux accusations de violences sexuelles survenues entre les années 1970 et 1990 au sein de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, situé dans les Pyrénées-Atlantiques.

La Commission souligne que « la situation de Bétharram n’est pas un cas unique » et déplore l’absence d’une politique publique solide pour lutter contre les violences sexuelles envers les enfants en France. Elle rappelle avoir recommandé dès 2023 l’extension des dispositifs de remontée systématique d’alertes, initialement prévus pour les établissements sportifs, à tous les lieux accueillant des mineurs.

Le Premier ministre sous pression

Le scandale de Bétharram a également mis en lumière le rôle du Premier ministre François Bayrou, dont plusieurs enfants ont été scolarisés dans cet établissement, où son épouse a enseigné le catéchisme. Accusé par l’opposition de ne pas avoir agi lors de son mandat en tant que ministre de l’Éducation dans les années 1990, M. Bayrou a fermement nié toute connaissance des faits à l’époque. Il a déclaré : « Je n’ai jamais été informé de quelque manière que ce soit de violences, et surtout pas de violences sexuelles. »

Mardi, il a contre-attaqué en pointant du doigt le gouvernement de Lionel Jospin, en fonction à la fin des années 1990. Selon lui, le procureur général de l’époque aurait informé à plusieurs reprises la Chancellerie de la gravité des faits en 1998. L’ancienne ministre de la Justice, Élisabeth Guigou, a répliqué en affirmant que son gouvernement avait « fait son travail » et que la justice avait agi « en toute indépendance ».

Vers une réforme des protocoles d’alerte ?

La Ciivise insiste sur la nécessité d’instaurer des pratiques garantissant la sécurité des enfants, affirmant qu’« aucun lieu ne devrait être dispensé de règles spécifiques fermes concernant ces violences ni laissé au bon vouloir de son encadrement professionnel ou bénévole ». Cette affaire relance le débat sur l’efficacité des dispositifs actuels et la protection des lanceurs d’alerte dans le domaine de la protection de l’enfance.

En novembre 2024, un collectif de professionnels avait déjà demandé l’adoption d’un protocole national garantissant l’anonymat des lanceurs d’alerte pour les protéger des représailles potentielles. Cette proposition visait à encourager les signalements tout en assurant la sécurité des professionnels impliqués.

Le gouvernement est désormais confronté à la double pression de la société civile et des instances indépendantes pour renforcer les mécanismes de protection des enfants et assurer une réponse efficace face aux violences sexuelles dans les institutions.