En 2019, cette jeune fille avait été poignardée et brûlée vive à Creil (Oise), dans une affaire qui a profondément choqué l’opinion publique. Son ex-petit ami a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle.
Dans un climat tendu, le tribunal a prononcé une peine de 18 ans de réclusion criminelle contre l’ex-petit ami de Shaïna, un jeune homme de 17 ans au moment des faits. Le verdict, bien que lourd, est inférieur aux réquisitions de l’avocat général, Loïc Abrial, qui avait demandé une peine de 30 ans de réclusion criminelle, estimant que le crime avait été prémédité. La cour a toutefois retenu l’excuse de minorité, ce qui a permis de réduire la peine.
La souffrance de la famille de Shaïna
Le frère de la victime, Yasin, a exprimé sa douleur et sa colère après la lecture du verdict. « Dix-huit ans ! C’est ça la justice en France ! », a-t-il lancé, en larmes. Après une altercation avec l’accusé, il a fait un malaise et a dû être transporté à l’hôpital. Le père de Shaïna a lui aussi exprimé sa déception, dénonçant l’insuffisance de la peine au regard de la violence du crime. Pour Me Negar Haeri, avocate de la famille, la décision de la cour montre que « la justice se fout des violences faites aux femmes ». Selon elle, l’accusé pourrait sortir en liberté dans huit ans, compte tenu des remises de peine.
Après avoir été agressée sexuellement dans sa cité deux ans plus tôt, Shaïna avait été exposée à des violences répétées et à des humiliations publiques, notamment la diffusion des images des agressions. À l’époque, les jeunes hommes impliqués dans ces faits avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis. Shaïna, selon son entourage, était probablement enceinte au moment de son assassinat, un facteur qui pourrait avoir motivé le crime. Les parties civiles estiment que l’accusé a agi par peur de perdre l’image parfaite qu’il souhaitait projeter, d’autant plus que des interdits religieux entouraient la question de la sexualité.
Un portrait tragique
L’affaire Shaïna s’inscrit dans un contexte plus large de violences faites aux femmes en France. Les chiffres officiels indiquent qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Pour Me Zoé Royaux, porte-parole de la Fondation des femmes, qui était partie civile, Shaïna représente toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. Elle a souligné que la jeune fille avait vécu deux années de souffrance, marquées par des violences de genre répétées.
Ce procès met en lumière non seulement un crime abominable, mais aussi une société qui peine à lutter contre les violences faites aux femmes et la perception souvent dégradante de ces dernières. À la fin de ce long procès, la famille de Shaïna espère que la justice, malgré ses imperfections, servira à dénoncer et à prévenir de telles atrocités. Mais pour l’heure, l’ombre de l’impunité pèse encore sur cette affaire.