L’audience se déroule depuis ce matin au tribunal correctionnel de Pontoise, où une professeure de français de 62 ans, Pascale B., est jugée pour harcèlement moral sur mineur. Cette affaire fait suite au suicide tragique d’Evaëlle Dupuis, une collégienne alors âgée de 11 ans.
L’audience s’est ouverte ce matin à 9h45. Les parents d’Evaëlle sont arrivés ensemble. De son côté, Pascale B. a fait son entrée par une porte dérobée, vêtue d’un pantalon et d’une veste bleu marine, les cheveux châtains et des baskets blanches. Elle conteste fermement les accusations de harcèlement, expliquant qu’elle n’a jamais eu de comportement inapproprié envers sa jeune élève.
Un procès marqué par les témoignages de témoins clés
Le procès a rapidement abordé le parcours professionnel de la professeure, avec plusieurs témoignages de ses collègues. Parmi eux, le proviseur adjoint du collège, arrivé deux mois après le drame, a indiqué que l’enseignante « est restée égale à elle-même, sûre d’elle », a-t-il déclaré. Un autre témoignage, celui d’une ancienne collègue professeure de mathématiques, a révélé que le proviseur avait demandé à l’équipe enseignante de ne pas participer aux obsèques ni à la marche blanche en l’honneur de la collégienne décédée. Cependant, cette collègue, en désaccord avec cette directive, avait assisté à l’enterrement avec l’accord des parents d’Evaëlle Dupuis.
Le procès a également été marqué par les témoignages d’élèves, qui ont rapporté des propos de la professeure qu’ils jugeaient humiliants. Des phrases telles que « Tu me saoules » ou « T’as pas de cerveau » auraient été prononcées à l’encontre de certains élèves, après le suicide d’Evaëlle. L’un d’eux a reconnu que la professeure avait fait preuve d’une grande dureté à son égard, ce qui a renforcé les accusations de harcèlement. « Elle n’avait pas à le faire », a reconnu, du bout des lèvres, le proviseur adjoint du collège.
En revanche, tous les autres collègues de Pascale B. ont défendu son intégrité professionnelle, affirmant que la professeure était sérieuse, motivante et bienveillante avec ses élèves. Aucun d’eux n’a cependant exprimé de soutien ou de compassion envers la famille d’Evaëlle présente dans la salle.
Le témoignage de l’ancien principal du collège
L’ancien principal d’Evaëlle, Lyes C., a pris la parole. Ce dernier a exprimé sa tristesse et son chagrin face à la disparition de la collégienne. « Personne n’a souhaité la disparition de leur fille. Notre but est de voir nos élèves grandir et s’épanouir, certainement pas de les voir partir », a-t-il déclaré, avant de revenir sur son propre ressenti après le suicide.
Il a confié qu’il n’avait pas assisté aux obsèques d’Evaëlle, « paralysé par la peur » et craignant de déranger la famille endeuillée. « Le drame qu’ils ont vécu, c’est le leur, c’est aussi le mien. Rien ne sera plus jamais comme avant », a-t-il ajouté.
Un procès qui tente de comprendre le mal-être d’Evaëlle
Alors que le procès continue, l’enquête tente de lever le voile sur les causes profondes du suicide d’Evaëlle. Si plusieurs témoins s’accordent à dire que la professeure de français était perçue comme une enseignante sérieuse et motivée, d’autres, en revanche, dressent le portrait d’une femme dure, parfois injuste, à l’égard de ses élèves. L’accusation de harcèlement reste une question centrale, et le tribunal devra déterminer si le comportement de Pascale B. a joué un rôle dans le drame qui a frappé cette jeune collégienne.