Selon les informations dévoilées par le parquet de Paris, cette femme de 39 ans est soupçonnée d’avoir orchestré une fraude d’une ampleur inédite, portant sur un montant pouvant atteindre 100 millions d’euros. Cette affaire, qui mêle luxe, réseaux sociaux et détournement de fonds, met en lumière un des plus grands scandales financiers récents dans le secteur de la grande distribution.
De la trésorerie de Kiabi à une vie de luxe
L’ancienne trésorière de Kiabi, qui occupait ce poste en 2022, est accusée d’avoir utilisé sa position pour détourner des fonds de l’entreprise. Dans une vidéo diffusée sur Internet, on peut la voir expliquer la gestion de la trésorerie de l’enseigne. À l’époque, elle avait ouvert un compte dans une banque européenne afin de placer des fonds de Kiabi dans le but de générer des intérêts. Mais quelques mois après son départ de l’entreprise, au moment où Kiabi a voulu récupérer cet investissement, l’argent avait mystérieusement disparu.
Pendant ce temps, l’ex-trésorière menait une vie fastueuse, étalant sa fortune sur les réseaux sociaux. Installée en Floride, elle se présentait comme la fondatrice et directrice d’une agence de design d’intérieur de luxe à Miami. Elle prônait un style de vie où « sophistication et élégance convergent harmonieusement », tout en apparaissant dans des lieux prestigieux comme les restaurants de Mykonos ou au volant de voitures de luxe. Cependant, son train de vie extravagant a attiré l’attention des enquêteurs français.
Interpellation spectaculaire en Corse
Selon France Info, l’ancienne trésorière de Kiabi a été arrêtée en août 2024 par la police judiciaire à sa descente d’un jet privé à l’aéroport de Figari, en Corse. Dans ses bagages, les forces de l’ordre ont découvert 500 000 euros en bijoux et articles de luxe. Cette arrestation spectaculaire a marqué un tournant dans l’enquête, alors que les autorités françaises tentaient de comprendre le mécanisme utilisé pour détourner une somme aussi colossale.
Les premières investigations révèlent que l’argent aurait été transféré selon la technique dite des « comptes rebonds », un procédé complexe consistant à faire transiter des fonds par plusieurs comptes dans différents pays, rendant ainsi leur traçabilité extrêmement difficile. Cette méthode sophistiquée pourrait indiquer la participation d’autres personnes, ce qui laisse penser que l’ancienne trésorière n’a pas agi seule. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tenter d’identifier d’éventuels complices.
Kiabi lance une contre-attaque judiciaire
Suite à la découverte de cette fraude, Kiabi a rapidement réagi. La direction de l’enseigne a déclaré avoir lancé « toutes les actions nécessaires, y compris judiciaires, afin d’obtenir le recouvrement du montant de la fraude ». Dans un communiqué, la direction a précisé que cette fraude ne mettait en aucun cas en péril la solidité financière de l’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2023.
Créée en 1978 dans le nord de la France, Kiabi fait partie du groupe Mulliez, qui possède de nombreuses enseignes bien connues telles qu’Auchan, Decathlon ou encore Leroy Merlin. L’ampleur du détournement met en lumière l’importance des dispositifs de contrôle interne au sein de grandes entreprises, particulièrement lorsque des sommes aussi importantes sont en jeu.
Une enquête en cours
L’ancienne trésorière, désormais placée en détention provisoire depuis le 18 août 2024, reste présumée innocente tant que le jugement définitif n’a pas été rendu. Les enquêteurs continuent d’examiner les circonstances précises du détournement et cherchent à déterminer comment elle a pu dissimuler cette fraude pendant plusieurs mois.
L’affaire, révélée en juillet dernier, constitue l’un des plus grands scandales financiers dans le domaine de la grande distribution. Si les faits sont avérés, ce procès pourrait non seulement exposer les failles dans les systèmes de sécurité financière des grandes entreprises, mais également souligner l’importance d’une surveillance accrue des hauts responsables financiers.
En attendant le dénouement judiciaire, cette affaire jette une lumière crue sur les dangers des dérives possibles dans la gestion des fonds d’entreprise, même au sein des marques les plus établies.